Une stimulation insuffisante et un manque d’activité au travail peuvent faire naître une souffrance psychologique chez certains salariés. Nous parlons alors de bore-out ou de syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui. Positive You se penche sur cette pathologie dont on parle peu.
Le bore-out, qu’est-ce que c’est ?
Définition et origine de ce syndrome
Bien moins connu que le burn-out, mais tout aussi dévastateur sur la santé mentale et physique, le bore-out ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, est un risque psychosocial à ne pas sous-estimer. Le terme, issu de l’expression anglaise “bore-out” (venant elle-même du nom anglais “boredom” que l’on traduit en français par “ennui”), caractérise une pathologie causée par l’ennui au travail.
Le bore-out a été mis en lumière pour la première fois en 2007, par les deux auteurs suisses allemands Peter Werder et Philippe Rothlin, consultants en management, dans l’ouvrage Diagnosis bore-out. D’après eux, 15 % des employés de bureau s’ennuient au travail et deviennent ainsi malades. Comme le burn-out, le bore-out, plus difficile à avouer, provoquerait autant d’anxiété et de mal-être. Cela peut, en effet, être mal vu (et donc tabou) d’admettre à ses supérieurs que l’on n’est pas assez stimulé par le manque de tâches à effectuer. Pour Peter Werder et Philippe Rothlin, l’absence de stimulation et l’insatisfaction professionnelle conduit à une démotivation et non une paresse de la part de l’employé. Être payé à ne rien faire n’a ainsi, rien de satisfaisant.
Quelques chiffres sur l’ennui au travail
Selon un sondage réalisé par OpinionWay pour Elevo en 2021, sur 1003 salariés, 64 % d’entre eux estiment que l’ennui provient d’un travail non intéressant. Pour contrer cet état, 23 % souhaitent être stimulés intellectuellement. Enfin, à la question : “Pensez-vous que les gens s’ennuient dans la pratique de leur activité professionnelle ? Ils sont 89 % à avoir répondu oui.
Aussi, dans son ouvrage intitulé Le Bore-out syndrom, le docteur d’État ès Sciences économiques Christian Bourion estime que 30 % des travailleurs français seraient sous-employés.
Quels sont les symptômes et conséquences du bore-out ?
Des répercussions sur la santé physique
S’il est normal de s’ennuyer périodiquement lors de périodes de creux, ne jamais rien avoir à faire a des effets néfastes. Une étude anglaise intitulée “Bored to death” a révélé que les collaborateurs qui s’ennuient au travail présentent un risque deux à trois fois plus élevé d’accidents cardiovasculaires que ceux dont l’emploi est stimulant. Souffrir du syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui rend le quotidien en entreprise insupportable. Le temps passe si lentement que le salarié ne cesse de regarder sa montre. Il n’a plus envie de se lever le matin, se rendant sur son lieu de travail la boule au ventre.
Une souffrance psychologique qui s’installe
Les symptômes du bore-out sont la fatigue, le stress, l’irritation, et cela peut aller même jusqu’à la dépression. Puisqu’une personne touchée par cette pathologie vit dans la honte et la culpabilité, elle tente de dissimuler son manque d’occupation par d’autres actions palliatives : lire le journal, surfer sur internet, prendre de longues pauses café, se déplacer dans l’entreprise sans but réel… Elle tente de paraître occupée en cherchant des activités qui ne sont pas en lien avec son emploi. Les causes principales de cette situation sont une hiérarchie qui ne délègue pas assez, ou une mauvaise répartition des tâches.
Comment lutter contre le bore-out ?
L’emploi que l’on occupe n’est pas toujours une vocation. Pour autant, le travail offre une sécurité psychologique (liens sociaux) et financière. De plus, ne pas trouver de sens au métier que l’on exerce peut mener à un sentiment d’inutilité. Cela peut également accroitre la sensation de solitude et l’absence de plaisir. Il est à noter par ailleurs que le bore-out est très proche d’une autre pathologie, le brown-out. Elle se définit comme un manque de sens dans son emploi. Ce non-sens est dû à la réalisation de tâches jugées absurdes et non stimulantes.
Les entreprises sont, plus qu’avant, appelées à veiller sur la santé mentale de ses collaborateurs. Il incombe ainsi, pour lutter contre un ennui profond dans le cadre professionnel, aux managers de prendre le temps d’écouter les salariés. Des entretiens individuels peuvent permettre de mieux appréhender la charge de travail de chacun et d’échanger sur les rôles et les objectifs. L’absence d’activité peut également être l’occasion de proposer des formations afin de développer les compétences en interne.
Le salarié, pour sortir de cette situation doit ouvrir le dialogue. Il peut s’adresser à son supérieur. Si ce dernier n’est pas au courant, il pourra agir et trouver des solutions. De plus, le médecin du travail, s’il le juge nécessaire, décidera de le mettre en arrêt maladie. Enfin, le psychologue du travail accompagnera un collaborateur qui souffre et l’aidera à se reconstruire.